Repéres historiques (XVIII^esiècle)

Tout au long du XVIII^e siècle, le Royaume de France entreprend une lutte économique avec le Comtat Venaissin, qui est sous l’autorité du Saint Siège à Rome et dont les habitants sont exempts de taxes. Le Royaume de France cherche à protéger ses industries en imposant des droits de douane très élevés à l’importation des soieries, du tabac et des toiles peintes, et en opérant un chantage à l’exportation de vivres tel que le blé , le bétail, et les vieux chiffons dont le Comtat est déficitaire. Or le Comtat a besoin de vieux chiffons pour fabriquer du papier car Avignon est un grand centre d’imprimerie au XVIII^e siècle, sans aucune contrainte politique ni religieuse. Les imprimeurs se spécialisent dans l’édition de contrefaçons et de livres censurés en France (en particulier sur la religion protestante !)
A la lutte économique s’ajoutent une lutte politique et une lutte religieuse.
Ces livres sont exportés en France officieusement ou en contrebande.
La contrefaçon est très difficile à détecter.
L’analyse des marques de papier (ou filigranes) de livres contrefaits peut donner une indication sur l’origine du livre.
Ainsi, un livre marqué « imprimé à Amsterdam » sur du papier provenant d’un moulin à papier du Comtat a toutes les chances d’avoir été imprimé à Avignon !
L’évolution du nombre d’imprimeries est la suivante au cours du XVIII^e siècle : 6 en 1720, 27 en 1755, puis 15 en 1785. Seule Paris, avec 36 imprimeries autorisées dépasse Avignon !
Pour connaitre les papetiers fabriquant et fournisseurs des imprimeurs en Avignon, il faut connaitre les moulins à papier en activités au XVIII^e siècle du Comtat et des provinces environnantes, le nom des papetiers, les marques de fabrique en général un filigrane qui représente le format du papier. Pour les provinces françaises environnantes du Comtat, cette approche est facilitée par l’obligation, depuis 1739, de marquer le papier avec un filigrane, le nom du papetier, le lieu (ou la province ) et une date. Pour le Comtat, aucune règle n’existe et seules les contraintes des imprimeurs en Avignon dicteront la conduite des papetiers du Comtat.
Comme le produit fini, le livre contrefait, doit imiter l’original, les contraintes des imprimeurs en Avignon sont identiques à celles des imprimeurs du Royaume. Les papetiers du Comtat doivent s’aligner sur leur confrère du Royaume de France tout au moins pour le papier d’impression.